Donner un coup de main aux PME béninoises
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Les petites et moyennes entreprises constituent la colonne vertébrale de l’économie à l’échelle mondiale. De fait, elles sont particulièrement importantes pour les pays en développement, qui comptent sur elles pour créer des emplois et générer des revenus. Le Bénin, où les petites entreprises représentent 90% du secteur industriel, ne fait pas exception à la règle.
Toutefois, les petites entreprises béninoises rencontrent d’importantes difficultés à décoller et en particulier à être compétitives sur les marchés régionaux et internationaux. Cela est principalement dû à la dimension artisanale de leurs activités d’une part et aux limites auxquels ils ont à faire face en matière de qualité d’autre part.
En 2015, l’ONUDI et le Cadre intégré renforcé (EIF) se sont associés pour faciliter l’intégration du pays à l’économie mondiale et lutter contre la pauvreté en améliorant la productivité des entreprises et en veillant à ce que ses produits soient conformes aux normes de qualité et de sécurité tant au niveau national qu’international. Le projet de renforcement des capacités productives et commerciales – le PRCPC – était né.
Stimuler la compétitivité des entreprises
Le projet a soutenu un total de 31 entreprises sélectionnées en partenariat avec le Bureau de restructuration et de mise à niveau du Bénin (BRMN) dans trois secteurs prioritaires à forts potentiels d’emploi et d’exportation : l’agroalimentaire – notamment l’ananas, le karité et la noix de cajou – la pisciculture et le textile. Grâce au soutien intensif de consultants nationaux formés par des experts internationaux, les entreprises ont été soutenues dans l’élaboration et la mise en œuvre de plans d’action visant à transformer leurs activités.
Secteur agroalimentaire : karité
« Nous avons d’abord reçu un diagnostic, puis un soutien pour être plus visibles sur le marché en termes de qualité », a déclaré Mèmounatou Zacari Kora, responsable d’une entreprise de produits à base de beurre de karité, Zikora.« Grâce au projet, je ne me vois plus au stade artisanal. Je veux vendre mes produits très loin. Bientôt, lorsque mon usine sera entièrement installée, des camions chargeront mes produits et les achemineront au port de Cotonou. » |
Secteur pisciculture
Martial Kouderin, responsable de l’entreprise de pisciculture Petit Poisson, a ajouté : « À travers le projet, nous avons déjà élaboré un certain nombre de plans, par exemple, pour améliorer la productivité de nos infrastructures, en particulier sur les questions énergétiques, en utilisant l’énergie solaire. Nous avons amélioré la ventilation de nos étangs. Ceci nous permettra de doubler, voire de tripler la production. Aujourd'hui, nous avons également finalisé un document qui peut nous permettre de demander le financement d'investissements dans notre ferme. » |
Secteur textile
Le responsable de l’entreprise de confection de vêtements, Lolo Andoche, Charlemagne Andoche, a quant à lui noté qu’un changement de mentalité était nécessaire pour améliorer ses activités. Les améliorations apportées à la chaîne de production ont permis une augmentation de la productivité – passant de 40 à 150 pièces de prêt-à-porter par jour – avec une qualité accrue.
« Notre entreprise n'était pas industrialisée à l'origine. Le soutien constant des experts et des consultants nous a aidé à comprendre que nous devions changer nos habitudes pour nous améliorer », a déclaré Andoche.
« Nous avons compris qu'il était important que les chaînes de production multiplient notre production et nous répondons désormais facilement à la demande de nos clients, qui ne cesse de croître. Le rêve de Lolo Andoche, et le mien en particulier, est de produire des centaines et des centaines d’articles par jour. Nous voulons passer de 150 à 300 pièces aujourd’hui à 1 000 pièces par jour. »
« Nous avons une bien meilleure qualité de travail et une finition impeccable en raison des différentes formations que nous avons suivies », a ajouté Andoche. |
Secteur agroalimentaire : noix de cajou
Pour Placide Olufèmi Vigan, responsable de l’entreprise de noix de cajou Free Cajou, les avantages du projet vont bien au-delà du développement de ses propres activités. « Lorsque nous avons profité de ce projet, de nouveaux employés ont été payés. Nous avons apporté quelque chose dans l’assiette de l’État, ce qui apporte une valeur ajoutée. Je pense que c’est important pour le pays et les Béninois. Cela apporte de la satisfaction de sortir quelqu’un du chômage. » |
Surmonter les obstacles techniques au commerce
La démonstration de la conformité des produits aux normes de qualité et de sécurité ainsi qu’aux réglementations techniques est essentielle pour la compétitivité des entreprises et leur accès au marché. Dans le cas des produits alimentaires, cela est même vital. C’est pourquoi le projet a soutenu l’élaboration et l’adoption d’une politique nationale de sécurité sanitaire des aliments qui facilitera la modernisation des entreprises en termes de normes d’hygiène et de sécurité alimentaire. La capacité du pays en matière de traçabilité a également été considérablement renforcée par la mise en place d’un système de codes-barres qui aidera les entreprises à gagner la confiance des consommateurs étrangers.
« Nous voulons être les meilleurs sur le marché mondial. Nous disons souvent : si vous voulez que vos produits soient préférés, vous devez d’abord être remarqués. Donc, nous allons nous faire remarquer. Nous allons être détectés grâce aux codes à barres », a déclaré Loukoumanou Osseni, Directeur Général de l’ANM, institution de tutelle du système de code-barres. |
Multiplier les clients et les partenaires
Des voyages d’affaires ont été organisés au Nigéria, au Burkina Faso, au Rwanda et en Tunisie pour promouvoir les produits de 17 entreprises béninoises et négocier des accords de coopération. Trois ont déjà été signés à ce jour.
« Nous avons fait un voyage où nous avons rencontré des partenaires commerciaux pour le développement, la vente et l’augmentation de nos parts de marché. Et c’était vraiment l’apothéose. Nous avons rencontré des gens qui sont prêts à nous accompagner et nous sommes maintenant prêts à signer des contrats », a déclaré René C. Ahouanse, responsable de l’entreprise de produits à base d’ananas du Centre de Transformation des Fruits et Légumes du Bénin. |
Assurer un impact durable
Les mesures nécessaires pour assurer la durabilité des résultats ont été mises en œuvre. Cela s’est fait par le biais de l’encadrement des consultants nationaux, ainsi que par une étroite collaboration avec les structures de soutien nationales – telles que le BRMN – et le secteur privé pour développer des services appropriés.
« Un résultat clé du projet est sans aucun doute le renforcement des capacités des consultants nationaux dans les différents domaines techniques concernés. 35 d’entre eux sont désormais en mesure d’aider de manière indépendante les entreprises à se moderniser. Ce groupe d’experts est un véritable atout pour le développement futur du pays », a déclaré Bernard Bau, responsable de programme à l’ONUDI.
Thibaut Martins, l’un des consultants nationaux, approuve l’approche innovante du projet : « Nous n’arrêtons jamais d’apprendre et c’est grâce à l’échange d’expériences que nous pourrons améliorer nos compétences. L'implication d'experts internationaux pour accompagner et soutenir les ressortissants nationaux a eu un impact considérable sur la qualité de l’assistance technique fournie aux entreprises. » |